En juillet dernier, comme tous les deux ans, nous avons fait une incursion à la 58e biennale d’art contemporain de Venise. Le thème de cette année est : May you live in interesting times, sous le commissariat de Ralph Rugoff. Moins médiatisée semble-t-il, que les années précédentes, allions nous y trouver notre bonheur ?
–
Hors les murs
En ville, c’est avec une pensée amusée pour Jean-Paul Kauffman (dont le très beau livre Venise à double tour parut récemment raconte sa quête des églises fermées) que nous avons trouvé les églises de la Misericordia et de San Lorenzo ouvertes ! La Misericordia ne présentait pas d’œuvres mémorables, quant au lieu dans lequel je pénétrai pour la première fois, il ne présente de l’intérêt que parce qu’il est usuellement fermé. Rien d’exceptionnel non plus à San Lorenzo du point de vue artistique mais un grand plaisir d’appréhender la grandeur époustouflante et l’architecture monumentale du bâtiment et accessoirement de voir l’emplacement des fouilles réalisées dans le but de trouver la tombe de Marco Polo… Une visite marquante !
A San Giorgio Maggiore, l’artiste Sean Scully présente, dans un discours verbeux (et un peu prétentieux) des piles de parallélépipèdes de couleurs vives. On est loin de la volute de fumée d’Amish Kapoor de 2011 !
Aux Giardini
A l’entrée des Giardini, on retrouve le triptyque des pavillons Hollandais, Espagnol et Belge. Si les deux premiers ne m’ont pas séduit, j’ai trouvé le pavillon Belge très intéressant avec des automates de Jos de Gruyter et Harald Thys, racontant des histoires abominables !
Le pavillon principal de la Biennale
L’industrie fascine les artistes et un gigantesque robot mis en scène derrière des parois vitrées par les artistes chinois Sun Yuan et Peng Yu, joue les apprentis sorciers en agitant frénétiquement une raclette monumentale afin de contenir une marre de liquide rouge (sang ?) dans son périmètre.
Toujours automatisé, un portail en fer forgé de l’artiste indienne Shilpa Gupta vient frapper un mur en plâtre qui se décompose sous l’effet des chocs… je me demande s’ils reconstruisent le mur de temps en temps car tout cela risque de tomber en ruine avant la fin de la biennale !
Dans l’ensemble, beaucoup de vidéos !
Retour dans les Giardini
Le Pavillon Russe, comme toujours est remarquable. L’évocation du siècle d’or hollandais par Alexander Sokurov et Alexander Shishkin-Hokusai est envoûtante. Les sculptures inspirées du Retour du fils prodigue ainsi que les reconstitutions animées rouge et or de tableaux de Rembrandt sont magnifiques. C’est sans doute mon pavillon préféré !
–
La robotique encore a pris les commandes de clarinettes dans le pavillon japonais ( Hiroyuki Hattori ). Un jeu de doigts mécaniques produisent une musique abstraite avec l’air sorti de l’énorme baudruche centrale faisant le lien entre le niveau bas et haut du bâtiment. Autour, de beaux clichés de « Cosmo-Eggs ».
Un beau film et une installation de Laure Prouvost sont présentés dans le pavillon Français : « Vois ce Bleu profond te fondre ». Intelligent et interrogatif sur notre société. Une sorte de voyage initiatique partant de Nanterre pour arriver à la Biennale. La projection a lieu dans une sorte de grotte moelleuse et confortable, où l’ambiance est travaillée par des éclairages et où des performances viennent souligner certains passages du film. Les éléments présents dans le film sont disposés dans les autres salles et accès du pavillon. Une réussite.
Dans le pavillon autrichien, Renate Bertlmann présente un discours féministe un peu agressif mais graphiquement assez esthétique avec des roses rouges en verre percées de pointes acérées.
A l’Arsenal
Dans la Corderie, nous croisons l’œuvre de l’artiste Chinoise Yin Xiuzhen qui présente un gigantesque passager d’avion en position d’atterrissage forcé réalisé en bout de tissus et de matériaux de récupération.
La Sculpture suisse est représentée par Carol Bove qui réalise des semi-compressions métalliques peintes de couleurs vives. L’éclairage et les jeux de déformations nuancent ces couleurs de façon très esthétique.
Liu Wei, présente Microworld un amalgame de formes en aluminium brossé formant un tableau très réussi tandis qu’une grande installation signée Danh Vo évoque un tableau de Giorgio de Chirico.
La chine, décidément très présente fait montre de sa technologie avec une forme de reconnaissance faciale qui attribue des fonctions aux visiteurs passant devant la caméra. Cela peut faire sourire… avant d’inquiéter.
Le parcours se termine de l’autre côté du bassin intérieur de l’Arsenal. Une série monumentale de six bras se rejoignant au-dessus de la cale sèche des anciens chantiers naval est signée Lorenzo Quinn. Le blanc des mains se détache particulièrement bien du ciel bleu électrique de la fin de journée donnant un résultat particulièrement photogénique.
Cette session 2019 de la biennale d’art contemporain de Venise s’est révélée intéressante quoique, d’après moi, légèrement en retrait par rapport à certaines autres éditions (pas 2017 mais 2015). Les artistes présentent une vision très sombre de notre société. Cela reste toutefois un moment de rencontre incontournable avec l’art contemporain avec tout ce que cela implique de moments merveilleux et de « foutages de gueule » (car je pense qu’il y en a aussi). La biennale d’art contemporain de Venise fermera ses portes le 24 novembre 2019.
Et puisque nous sommes à Venise je vous invite à aller voir cet album photos et je vous confie ces quelques adresses :
Bar | Al Prosecco | Sestiere Santa Croce | |
Glaces | Nico | Fondamenta Zattere al Ponte Longo | Un Giandotto en terrasse : divin ! |
Glaces | Il Pinguino | 2141 Castello, Venezia, VE 30122, 30122 | Glace artisanale de bonne qualité dans le quartier de l’Arsenal |
Glaces | Bacaro del Gelato | Fondamenta Misericordia, 2499 Cannaregio | Petit artisant magique. essayez le chocolat noir ! |
Restaurant | Alla Bifora | Santa Croce 86, 30135 | Une cuisine vénitienne sympathique, un accueil délicieux, des vins abordables : notre 1er soirée à Venise c’est toujours là ! |
Restaurant | Pizzeria Ae Oche | Calle Frati Dorsoduro, 1414, | Un incontournable également : on arrive à Venise = une pizza sur les Zattere |
Restaurant | La Palanca | Sestiere Giudecca, 448, 30133 | Un des meileurs spritz de Venise et une très belle table également |